Le 10 mai 2022 - Projet de loi S-227, Loi instituant la Journée canadienne de l’alimentation - Troisième lecture

Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui à l’étape de la troisième lecture du projet de loi S-227, Loi instituant la Journée canadienne de l’alimentation. Je remercie le Comité sénatorial permanent de l’agriculture et des forêts d’avoir fait preuve de diligence raisonnable à l’égard de cette mesure législative très importante. Comme je l’ai dit dans mon discours à l’étape de la deuxième lecture, j’appuie pleinement le projet de loi du sénateur Black visant à instituer une journée canadienne de l’alimentation. Il s’agit d’une excellente occasion de faire connaître aux Canadiens le rôle crucial que joue le secteur de l’alimentation locale dans notre vie quotidienne. Qu’il s’agisse de poissons, de bleuets, de pommes, de pommes de terre ou d’autres aliments, c’est la base de notre alimentation quotidienne.

Chers collègues, vous vous rappellerez peut-être que, dans le discours que j’ai donné à l’étape de la deuxième lecture, j’ai souligné l’importance culturelle de l’alimentation locale. Permettez-moi de vous faire part de quelques-unes des initiatives alimentaires en place au Canada afin de vous montrer la grande importance que nous accordons, en tant que société, aux aliments locaux.

En Colombie-Britannique, le marché agricole de Penticton, dans la vallée de l’Okanagan, en est un exemple parfait. C’est l’un des marchés les plus proches de la ferme. Tous les vendeurs sont tenus de fabriquer, de confectionner ou de cultiver leurs produits localement. Ils font partie d’un mouvement qui prend de l’ampleur en Colombie-Britannique et qui vise à protéger et à améliorer les circuits alimentaires de proximité et à petite échelle. Je dois aussi mentionner le marché public de Granville Island, qui sert de marché alimentaire local et d’attrait touristique majeur.

Par ailleurs, les marchés fermiers du pays sont des chefs de file en matière de sécurité alimentaire à l’échelle locale. En Ontario seulement, on en compte 180. Depuis 1991, Farmers’ Markets Ontario montre l’exemple en faisant la promotion des marchés auprès des municipalités et des investisseurs potentiels afin d’assurer la vitalité et la pérennité des marchés et de favoriser la croissance des marchés fermiers pour le bien des agriculteurs locaux, du secteur des aliments locaux et des consommateurs de l’Ontario.

Évidemment, tous les étés, nous voyons une foule de festivals où les aliments sont à l’honneur, comme Alberta on the Plate, le Festival de la curd de St-Albert, en Ontario, le Festival régional de la patate de Grand-Sault, au Nouveau-Brunswick, et bien d’autres. Il y a aussi d’importantes initiatives pour promouvoir les aliments locaux, comme le Panier alimentaire canadien, une initiative de sensibilisation menée par Farm & Food Care Saskatchewan. Dans le cadre de cette initiative, on organise des visites d’exploitations agricoles, des activités communautaires, des activités en ligne, des cours et des séminaires, on fait part de nos expériences par rapport aux aliments canadiens et aux activités agricoles, on découvre comment les cultures sont produites et le bétail est élevé, on échange des recettes, et des experts donnent des conseils pratiques pour aider les gens à faire des choix éclairés en matière d’alimentation. L’objectif est d’améliorer les connaissances en alimentation et de bâtir la confiance à l’égard des chaînes de production alimentaire du pays, et ce, de la ferme à l’assiette.

Chers collègues, permettez-moi de vous donner un exemple concret, celui de Little River Polyculture à Bathurst, au Nouveau-Brunswick. Il s’agit d’une polyculture locale de micropousses qui offre des produits frais à longueur d’année à la collectivité. Cette entreprise produit diverses pousses pour les restaurants et les résidants : roquette, tournesol, pois, brocoli et ainsi de suite. Non seulement cette entreprise contribue à fournir des produits frais et sains, mais elle a aussi récemment installé le premier système hydroponique à l’école secondaire locale. Grâce à cette initiative d’alimentation locale, les étudiants apprennent à produire de la salade pour leur buffet à salades. Les producteurs d’aliments locaux comme Little River Polyculture deviennent d’importants ingénieurs sociaux pour les communautés.

Honorables sénateurs, je vous parle des divers marchés et festivals pour vous montrer qu’avec le projet de loi S-227, ces événements ne seront pas isolés les uns des autres. Une fois par année, ils seront liés par la Journée canadienne de l’alimentation. Il pourrait même y avoir davantage de collaboration à l’échelle nationale entre les divers marchés alimentaires et festivals locaux et provinciaux. Une telle collaboration existe peut-être déjà à mon insu. Néanmoins, dans un vaste pays comme le nôtre et compte tenu de l’importance sociale et culturelle de l’alimentation, nous les célébrerons tous ensemble le même jour.

De plus, avant de terminer, je dois dire quelques mots sur l’importance de la sécurité alimentaire. J’espère que la Journée canadienne de l’alimentation sera également une occasion d’approfondir le dialogue sur la sécurité alimentaire au Canada et sur la façon dont les aliments locaux peuvent nous aider à lutter contre la faim. Dans un pays comme le nôtre où la nourriture est si abondante, nous devons nous efforcer de faire mieux pour réduire et finalement éliminer la faim. Par exemple, selon Statistique Canada, à l’automne 2020, 9,6 % des Canadiens ont déclaré avoir connu une certaine insécurité alimentaire dans leur ménage au cours des 12 mois précédents. C’est inférieur au taux estimé de 12,6 % en 2017-2018, mais je pense que près d’un Canadien sur 10, c’est encore trop. Ici même à Ottawa, la demande de banques alimentaires a augmenté de 20 % en mars 2022 par rapport à mars 2021. Il s’agit d’une hausse considérable, honorables sénateurs, et il est important qu’une journée comme la Journée canadienne de l’alimentation mette en valeur les aliments locaux, mais aussi reconnaisse ce que nous pouvons faire de plus pour aider les personnes dans le besoin.

À un moment où l’inflation est en hausse, avec un taux de 8,7 % de plus pour les aliments achetés en magasin par rapport à l’année dernière en mars, tout le monde ressent la pression qu’exerce l’inflation sur le porte-monnaie. Le prix des produits laitiers et des œufs a augmenté de 8,5 %, tandis que celui du beurre a augmenté de 16 %, celui du fromage de 10,4 % et celui du lait de 7,7 %. La Journée canadienne de l’alimentation serait une excellente occasion d’avoir une discussion sur la sécurité alimentaire en période d’inflation croissante. Je ne suis pas une économiste ou une spécialiste de la politique alimentaire, mais je viens d’une région rurale et, d’après mon expérience, lorsqu’une collectivité subvient à ses besoins en recourant aux marchés alimentaires locaux, les agriculteurs locaux soutiennent la collectivité. Tout le monde gagne à se soutenir mutuellement.

Honorables sénateurs, comme l’a dit le sénateur Black dans son discours à l’étape de la troisième lecture, le projet de loi S-227 concerne les gens. C’est une occasion de rassembler les gens pour célébrer nos aliments locaux, témoigner notre reconnaissance aux agriculteurs et les remercier. J’appuie le projet de loi et j’espère que vous vous joindrez à moi pour appuyer la création d’une journée canadienne de l’alimentation. Merci.

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