Le jeudi 29 novembre 2018 - Motion tendant à réaffirmer l'importance des deux langues officielles comme fondement de notre fédération compte tenu des coupes faites par le gouvernement de l'Ontario aux services en français - Débat de la Sénatrice Poirier
Motion tendant à réaffirmer l’importance des deux langues officielles comme fondement de notre fédération compte tenu des coupes faites par le gouvernement de l’Ontario aux services en français—Suite du débat
L’ordre du jour appelle :
Reprise du débat sur la motion de l’honorable sénatrice Miville-Dechêne, appuyée par l’honorable sénateur Klyne,
Que le Sénat, compte tenu des décisions prises par le gouvernement de l’Ontario en ce qui a trait au Commissariat aux services en français et à l’Université de l’Ontario français :
1.réaffirme l’importance des deux langues officielles comme fondement de notre fédération;
2.rappelle au gouvernement du Canada sa responsabilité de défendre et de promouvoir les droits linguistiques, tels qu’exprimés dans la Charte canadienne des droits et libertés et la Loi sur les langues officielles;
3.exhorte le gouvernement du Canada à prendre toutes les mesures nécessaires, conformément à ses compétences, pour assurer l’épanouissement et le développement des communautés de langue officielle en situation minoritaire.
L’honorable Rose-May Poirier : Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour manifester mon appui à la motion de la sénatrice Miville-Dechêne. Je le fais par solidarité avec la communauté franco-ontarienne, et je le fais également en tant que vice-présidente du Comité sénatorial permanent des langues officielles, comme sénatrice membre du caucus conservateur du Sénat, mais, surtout, comme Acadienne de Saint-Louis-de-Kent, au Nouveau-Brunswick.
Honorables sénateurs, ce qui s’est produit en Ontario le 15 novembre dernier est une tuile qui tombe sur la tête des communautés linguistiques en situation minoritaire. À la Chambre du Sénat, nous défendons l’intérêt des minorités; nous sommes la Chambre de second examen objectif — ou, comme on le dit en anglais, « the sober second thought » — du Parlement canadien. Notre raison d’être ne saurait être plus claire ni plus nécessaire qu’aujourd’hui, au cœur de cette tempête linguistique.
C’est dans cette Chambre, honorables sénateurs, que plusieurs initiatives ont vu le jour dans le but de promouvoir, de protéger et de défendre l’intérêt des communautés linguistiques en situation minoritaire. Nous n’avons qu’à penser au sénateur Jean-Robert Gauthier et à son projet de loi modifiant la partie VII de la Loi sur les langues officielles en 2005, à la détermination de la sénatrice Chaput concernant la modification du règlement de la même loi, ou à celle du sénateur Gerald Comeau, Acadien de la Nouvelle-Écosse, qui a fait adopter la Loi sur la Journée de la fête nationale des Acadiens et des Acadiennes en 2003, désignant le 15 août comme Journée de la fête nationale des Acadiens et des Acadiennes.
Il n’y a pas que les actions de sénateurs individuels, mais également celles du Comité sénatorial permanent des langues officielles. Qu’il s’agisse d’un rapport concernant Radio-Canada et ses obligations linguistiques, des meilleures pratiques afin d’améliorer le bilinguisme des jeunes Canadiens, ou de l’étude actuelle sur la modernisation de la Loi sur les langues officielles, le comité a été et continue d’être une voix forte pour les communautés linguistiques en situation minoritaire.
Lorsque mon bureau a rencontré les différents membres de la FCFA jeudi dernier, un de leurs représentants nous a fait part de leur approche concernant les annonces. Dans chaque crise, il y a une occasion. Je crois, honorables sénateurs, que les communautés francophones en situation minoritaire ont saisi l’occasion de cette crise.
Nous sommes ici afin de réaffirmer l’importance des deux langues officielles comme fondement de notre fédération. Cette affirmation de l’importance des deux langues se fait d’un bout à l’autre du pays. Plus important encore, les annonces semblent avoir eu pour effet d’inspirer tous les Canadiens, de tous âges, d’où qu’ils soient au pays et quelle que soit leur langue. C’est là, je crois, honorables sénateurs, la preuve que les langues officielles sont une valeur canadienne qui s’étend par-delà les clivages politiques. C’est non seulement une valeur canadienne à laquelle tous adhèrent, mais elle est également protégée par la Charte des droits et libertés. En outre, la Loi sur les langues officielles a un statut quasi constitutionnel. C’est donc une valeur culturelle, une valeur juridique, mais surtout une valeur canadienne.
Honorables sénateurs, la solidarité entre toutes les communautés linguistiques en situation minoritaire a été mise en évidence au cours des dernières semaines. Il est clair que, lorsqu’une tuile s’abat sur un groupe linguistique en situation minoritaire, ce sont tous les groupes qui sont touchés et qui, sans hésitation, s’appuient mutuellement.
Nous sommes peut-être isolés les uns des autres, d’un océan à l’autre, à travers notre merveilleux pays, mais nous sommes tous unis par notre langue, par notre culture, par notre identité et par notre combat. Merci.