Le 31 janvier 2017 - Étude sur la recherche et le sauvetage maritime, y compris les défis et les possibilités qui existent - CHC Helicopters Canada
La sénatrice Poirier : Comme l'indiquait mon collègue, vous considérez que vous êtes surtout là pour combler une lacune ou un vide dans l'offre de services. À quelle fréquence fait-on appel à vous pour répondre à un besoin particulier de la sorte?
M. Parsons : Voulez-vous savoir combien de contrats semblables nous avons conclus?
La sénatrice Poirier : Combien de fois fait-on appel à vous au Canada pour répondre à un tel besoin?
M. Parsons : Nous n'offrons pas actuellement un service semblable au Canada. Sauf erreur de ma part, la Norvège est le seul pays où nous constituons une solution de remplacement provisoire pour les services gouvernementaux nationaux de recherche et sauvetage. Mais, même dans le cas de la Norvège, il ne s'agit pas d'interventions ponctuelles. Nous obtenons un contrat pour combler pendant un certain nombre d'années un vide prévu en raison d'un manque de capacité du gouvernement à offrir le service avec ses propres actifs.
La sénatrice Poirier : Dois-je comprendre que vous n'avez pas actuellement de contrat avec le Canada?
M. Parsons : C'est bien cela, nous n'offrons pas actuellement de services de recherche et sauvetage au Canada.
La sénatrice Poirier : La Garde côtière canadienne a un délai d'intervention maximum de 30 minutes en tout temps, alors que ce délai est aussi de 30 minutes dans les heures de pointe pour le ministère de la Défense nationale et l'Aviation royale canadienne, et de deux heures dans les périodes normales pour une mission de recherche et sauvetage. Quel est le délai d'intervention maximum de CHC Helicopter?
Ian McLuskie, cadre supérieur — SAR/EMS, Global, CHC Helicopter : Pour la plupart de nos contrats, le délai d'intervention habituel est de 15 minutes le jour et 45 minutes la nuit. C'est le temps qui s'écoule entre le moment de l'appel et le décollage de l'appareil. Nous nous assurons du respect de ce délai au moyen de notre propre logiciel de gestion des services de recherche et sauvetage. Notre client peut ainsi connaître tous les détails de nos activités, notamment quant à l'heure précise où notre appareil décolle et au moment où il atterrit de nouveau après l'intervention.
La sénatrice Poirier : Comment vos appareils de recherche et sauvetage peuvent-ils se comparer à ceux utilisés par l'Aviation royale canadienne?
M. McLuskie : L'appareil que nous utilisons actuellement à cette fin est le Sikorsky S-92. C'est un hélicoptère moderne satisfaisant aux normes les plus récentes et doté de tout l'équipement de pointe nécessaire pour pouvoir être utilisé dans toutes les conditions de glace, le jour comme la nuit, et quelle que soit la température. Pour vous donner une idée, disons qu'un hélicoptère semblable, s'il est piloté correctement et bien dirigé par l'équipage, peut descendre de nuit dans un espace ouvert au-dessus de l'océan pour permettre une visibilité à 15 mètres. C'est comme si l'on posait un hélicoptère dans une pièce comme celle-ci n'importe où dans l'océan au milieu d'une nuit sombre et tumultueuse.
La sénatrice Poirier : Pouvez-vous nous décrire la formation reçue par vos pilotes et vos ingénieurs aux fins des activités de recherche et sauvetage?
M. McLuskie : La plupart de nos pilotes et des autres membres de nos équipages proviennent du secteur militaire. Pas moins de 80 p. 100 d'entre eux ont été recrutés directement à leur sortie des forces au moment de leur retraite pour passer au secteur commercial. Nous avons également notre propre équipe qui s'occupe de la formation et des normes. Nos exigences de formation sont semblables, voire supérieures, à celles des forces militaires. Nous utilisons exactement les mêmes procédures normalisées d'exploitation et nous suivons les directives du Manuel international de recherche et sauvetage aéronautiques et maritimes. Nous nous en remettons aux mêmes systèmes, aux mêmes mesures et aux mêmes niveaux de compétence.
La sénatrice Poirier : Si vous n'avez pas actuellement de contrat avec le gouvernement canadien, êtes-vous en train d'essayer d'en obtenir un? Avez-vous déjà fait des tentatives en ce sens par le passé?
M. Allard : Les échanges se poursuivent depuis un bon moment déjà quant à la possibilité que nous offrions certains services de recherche et sauvetage au Canada. Je suis sans doute maintenant celui qui participe à cet exercice depuis le plus longtemps. Les pourparlers ont débuté au milieu des années 1980. Quand nous parlons de lacunes ou de vides à combler, c'est pour une longue période. Il ne s'agit pas d'interventions au jour le jour. C'est plutôt dans le cas d'un renouvellement de la flotte ou d'une mise hors service pour l'entretien. Je sais par exemple que le gouvernement devra effectuer d'importants travaux d'entretien pour sa flotte de Cormorant.
Si vous avez un vide à combler pour une année ou une période de deux ou trois ans, nous pouvons intervenir pour vous permettre de répondre aux besoins existants. C'est ce que nous entendons par combler un « vide ». Je ne suis pas en train de dire qu'il est impossible que nous recevions un appel pour un incident de recherche et sauvetage au Canada. C'est simplement que nous ne pouvons pas recevoir un tel appel de la manière dont le système est conçu actuellement.
J'ai passé un certain temps sur la côte Est et je peux vous dire que les pétrolières doivent obtenir des services supplémentaires pour répondre à leurs besoins en la matière. Autrement dit, elles doivent elles-mêmes octroyer des contrats pour assurer une aide additionnelle aux fins des activités de recherche et sauvetage. Je pense notamment aux services à assurer à partir de St. John's pour éviter les longs trajets depuis la base de Gander. C'est un choix qu'ont fait les sociétés pétrolières pour garantir un délai d'intervention plus court en partant de St. John's. C'est donc un autre genre de lacunes à combler en fonction des besoins d'un secteur particulier.
Lorsque nous parlons d'un vide à remplir, c'est le plus souvent à long terme. Certains pays ont décidé de s'en charger eux-mêmes et d'autres ont choisi la voie de la privatisation. Il faut d'abord analyser le besoin à satisfaire. Ils ont procédé à une analyse plus approfondie des questions de rentabilité, de délais d'intervention, d'équipements et d'investissements. Ils ont ainsi conclu qu'il pouvait être très avantageux de travailler de concert avec nous.
En Irlande, par exemple, les gens considèrent encore que c'est la Garde côtière irlandaise qui accomplit le travail. À titre d'entrepreneurs, nous nous assurons simplement que les services requis sont effectivement offerts.
Je peux vous dire que les responsables de toutes ces agences et de tous ces gouvernements seraient très heureux de pouvoir parler à un représentant canadien pour lui expliquer comment cela fonctionne. C'est dans ce sens-là que nous essayons de prendre des arrangements, car il est parfois difficile pour une entreprise de vendre sa propre salade. Il est préférable qu'un de nos clients puisse vous dire à quel point l'efficience des services peut ainsi être améliorée. Dans la plupart des cas, cela permet de réduire les coûts et les dépenses en capital.
M. Parsons : Je pourrais peut-être apporter certains éclaircissements. Voilà bien des années déjà que Sylvain participe à des discussions avec différentes agences gouvernementales et autres parties intéressées, mais nous souhaitions surtout vous rencontrer aujourd'hui pour vous parler de notre expérience de ces questions afin de guider vos délibérations aux fins de la recommandation d'une solution possible.
À ce que je sache, aucune décision n'a été prise quant à une activité d'approvisionnement quelconque. Nous ne sommes à la recherche d'aucun contrat. Nous essayons simplement de vous fournir certains renseignements pour éclairer votre réflexion.
M. Fry : Comme je ne suis pas moi-même canadien, je n'ai pas d'intérêt particulier à défendre à ce titre. J'ai toutefois eu affaire à différents ministères du gouvernement canadien au cours de la dernière année. Je pourrais peut-être me permettre une observation. Il y a eu une certaine polarisation au Canada entre les partisans d'un service de recherche et sauvetage uniquement gouvernemental et ceux qui prônent le recours à une solution entièrement commerciale. Je ne crois pas qu'aucun de ces deux scénarios soit optimal.
Il serait préférable pour le Canada de trouver la façon de tirer tous les avantages possibles du recours à des services commerciaux pour appuyer le ministère de la Défense nationale et celui des Pêches et des Océans qui accomplissent déjà un excellent travail au quotidien. Il n'y a pas un autre pays au monde qui assure une protection de recherche et sauvetage sur une superficie de 18 millions de kilomètres carrés.
La situation actuelle n'est pas problématique. Le système fonctionne bien, mais il convient d'y adjoindre une certaine capacité supplémentaire dans le contexte de la réévaluation des ressources du ministère de la Défense nationale pour lui permettre de continuer à bien remplir son mandat. Nous sommes un peu ici pour aider le ministère à y voir plus clair.