Le 30 mai 2016 - Étude sur l’application de la Loi sur les langues officielles, les règlements et directives en découlant - Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada et Commissariat aux langues officielles

La sénatrice Poirier : Merci, madame la présidente. Bienvenue, monsieur le commissaire. Premièrement, s'il s'agit de votre dernier rapport en tant que commissaire, je veux vous remercier pour votre travail et tout ce que vous avez fait pour les langues officielles en situation minoritaire. C'est grandement apprécié, et je peux vous garantir que la personne qui vous remplacera aura de grands souliers à chausser.

Comme vous le savez sans doute, le gouvernement canadien n'a maintenant plus de ministre des Langues officielles. Selon l'explication qu'a donnée la ministre du Patrimoine canadien, il semblerait qu'il s'agit de diriger le trafic en pointant les bonnes directions plutôt que d'en être le représentant. Selon vous, est-ce que l'élimination de ce ministère est un pas en arrière pour les communautés francophones en situation minoritaire? Quel en sera l'impact pour les communautés francophones?

M. Fraser : C'est difficile à dire, puisqu'on n'a pas fait d'étude sur l'impact de cette décision, et je suis mal à l'aise d'improviser une réponse. C'est ce que je voulais dire quand je disais que le message que « cela va sans dire » me préoccupe. L'explication de la ministre en ce qui a trait au changement de la nomenclature de son ministère était que c'est inhérent à la position du gouvernement, une priorité partagée par tous les ministères. Effectivement, je trouve cela préoccupant, parce que si on ne souligne pas l'importance du dossier, si on ne travaille pas continuellement à valoriser le dossier, on risque de reculer. Dans le rapport annuel, j'ai utilisé comme métaphore un escalier mécanique : si on monte l'escalier descendant, il faut courir et, si on s'arrête, on descend.

Les noms sont importants. La nomenclature est importante, car elle envoie un message. Je partage votre préoccupation, mais je ne suis pas en mesure de commenter l'impact potentiel.

La sénatrice Poirier : Ce serait peut-être une bonne chose, si c'est possible, que votre successeur fasse un suivi de ce dossier.

Ma deuxième question est la suivante : en se dirigeant vers un monde plus branché à distance, qu'il s'agisse d'Internet, des numéros sans frais, des médias sociaux, des cellulaires, et cetera, le contact humain se fait de moins en moins. Est-ce qu'une telle évolution est profitable pour les communautés francophones en situation minoritaire en ce qui concerne les services offerts dans leur langue? Comment pouvons-nous atteindre un juste milieu?

M. Fraser : Le ministre Brison a dit que cela représente un défi, mais également une occasion en or, non seulement pour les communautés de langue officielle en situation minoritaire, mais pour l'ensemble du Canada. Dans mon rapport annuel, j'ai fait la distinction entre des espaces linguistiques et des réseaux linguistiques. Un espace linguistique est un endroit physique où la langue est visible et audible, utilisée, accessible et évidente, tandis qu'un réseau existe souvent par des méthodes technologiques. Il est maintenant possible de commander son passeport, de demander sa pension, de communiquer avec le gouvernement, et de commander des billets en ligne. Tout cela est très important au niveau individuel, mais cela ne fait pas grand-chose pour la collectivité.

Comme je l'ai dit lorsque le ministre Brison est sorti, il y a des façons d'utiliser les moyens technologiques pour rendre plus visibles les deux langues officielles. Je pense, par exemple, à l'aéroport international d'Ottawa. Au point d'arrivée où on attend les bagages, il y a un grand écran où les nouvelles alternent entre l'anglais et le français. C'est une façon de dire implicitement qu'il y a deux langues officielles à statut égal, et on présente de façon visuelle les deux langues officielles du Canada. Pour moi, la présence visuelle et audible des deux langues officielles est très importante, et on peut utiliser des moyens technologiques pour renforcer ce message.

La sénatrice Poirier : Encore un gros merci pour votre travail, monsieur le commissaire.

< Retour à : Questions - Langues Officielles